Atisso Goha : Sculpteur des Géants

Atisso Goha est un jeune artiste prolifique qui se définit comme Le Sculpteur des Géants.

Son parcours jalonné de rencontres artistiques commence dans la ville de Lomé au Togo où il travaille le bois depuis l’adolescence et suit un enseignement auprès d’un artisan sculpteur en parallèle de sa scolarité.

Plus tard, il se distingue en remportant le prix du Meilleur Sculpteur lors des African Creativity Awards, concours international organisé en 2019 dans la ville égyptienne du Caire. De façon presque providentielle, Atisso signifie « bois coupé » en langue ewé.

Ses évocations de la tradition et de la mythologie togolaise sont gravées dans des troncs d’une hauteur allant de quatre à sept mètres. Des souches, des racines, des fragments de tôles ou de bronze entrent également dans la composition de ces mystérieux titans.

Tantôt majestueuses, tantôt inquiétantes, ses sculptures s’érigent aux quatre coins de la ville – toisant les riverains et les touristes – telles les gardiennes d’un outre monde, les témoins d’un passé onirique.

Des murmures du bois aux métaux hurlants, la démarche d’Atisso Goha est issue d’une volonté de transmission.

Transmettre à la génération future son premier amour, celui du bois, tout en alertant cette même postérité sur les dérives du consumerisme… Et les dangers d’une science sans conscience.

Cela, il le fait désormais au moyen du métal, en dressant des figures animales – composées de toutes sortes d’éléments, de pièces et de débris – qui montrent qu’une renaissance est toujours possible et que l’art est par essence lié aux questions environnementales.

Un taureau d’acier vigoureux attire les regards au milieu d’un boulevard, un oiseau fait de pièces de motos et de ressorts survole la raison, tandis qu’un cerf recyclé trône sous un arbre comme une invitation au calme et à la méditation.

À travers cette exposition intitulée Kokolie, Attiso Goha pose une question simple et essentielle : « Et si les déchets qui jonchent nos rues devenaient enfin une priorité pour les dirigeants africains ? ».

Et d’apporter aussitôt un élément de réponse : « C’est ce questionnement qui me pousse à m’engager dans le recyclage. Je transforme les fragments métalliques oubliés, les objets abandonnés et les vestiges de machines – témoins silencieux de notre ère industrielle – en oeuvre d’art porteuses de sens et d’émotions ».

Le style qui en résulte pourrait être qualifié de retro-futuriste, oscillant entre la désuétude de la matière et l’éternité de la vision, interrogeant la vivacité du temps et la fixité de l’objet.

Un artiste à soutenir et à suivre, tant pour sa créativité que pour son engagement.

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